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BAP | Bon à prendre | 5
Parce qu’il y a ce titre d’abord…L’éternel printemps, une si jolie promesse formulée et pourtant contradictoire. La beauté du printemps consiste avant tout dans son éphémère, le temps d’une fleur de magnolia éclose et presque aussitôt fanée. Ce printemps-ci a pourtant bien des allures d’éternité dans l’allongement interminable des heures que nous impose la réclusion. Si seulement nous pouvions également figer le bourgeonnement ou le rendre si lent qu’il en deviendrait imperceptible à la façon des horizons des trous noirs.
Et parce qu’il y a ce mouvement ensuite, lui aussi imperceptible, d’un soupir monumental partagé par deux êtres dont l’attraction se mesure là encore à l’aune des phénomènes cosmiques. Par cette embrassade universelle, Rodin plonge au cœur de l’essence charnelle et donne au bronze une chaleur nouvelle. Je puise dans cette émotion l’espoir d’une renaissance attendue. Ces deux-là osent tout ce dont nous rêvons vainement pour le moment et nous rappellent exactement ce pourquoi nous sacrifions notre printemps…
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Caroline Dreux, Chargée de mission au MBAA
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Auguste Rodin, L’Éternel printemps, vers 1884
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BAP | Bon à prendre | 4
Lorsque le musée est fermé et que je traverse les collections, je prends souvent quelques minutes pour m’attarder devant ce petit saint Pierre, accroché dans les rampes. Je m’arrête devant ce format de poche, intime, et pendant un instant – un peu magique – mon esprit quitte momentanément son quotidien pour pénétrer au plus profond de l’oeuvre. Dans l’intimité du vieillard, une inquiétude me saisit soudain, puis, en regardant mieux ce vieil homme, il me semble plutôt percevoir dans son attitude une sorte d’apaisement, de résignation ou même de résilience. Le temps est suspendu. Il semble attendre sagement une fin inéluctable et nous enseigner la patience…
Au terme de ces quelques instants, qui n’appartiennent qu’à moi, ma journée reprend son cours mais je me sens toute entière apaisée.
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Lisa Mucciarelli, Assistante de conservation au MBAA
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Saint Pierre repentant, d’après Gerard Seghers
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BAP | Bon à prendre | 3
Un ex-voto, tel celui de Luxeuil, est déposé par un fidèle soit en demande de soin, soit en remerciement pour une guérison reçue, pour soi-même ou pour un proche. Cette ambiguïté nous rappelle combien le temps et l’altérité sont au cœur de notre vie. La présence intemporelle de ce visage rassure, comme une présence désirable, rompant la solitude. Bien que souvent considéré comme périssable, le bois dans lequel est taillée cette sculpture a pourtant traversé près de deux millénaires, sans le vouloir – inconsciemment – pour être présente aujourd’hui parmi nous.
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Julien Cosnuau, responsable des collections archéologiques
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Ex-voto anatomique / Luxeuil