BAP | Bon à prendre | 23
Audiodescription de « Voyageurs dans une forêt », Dosso Dossi, vers 1520.
BAP audio de Pascale Picart, guide
> téléchargez le fichier au format .doc
BAP | Bon à prendre | 22
Cette estampe a des airs de vacances et respire la sérénité d’une soirée d’été. La naïveté de son soleil et ses rayons semblables à ceux qui figurent dans le coin des dessins d’enfants, vient réchauffer les épaules blanches de ces trois baigneuses.
Je les rejoindrais bien.
Mais, à bien y regarder, on y décèle quelque chose qui vient chatouiller notre inquiétude, un sentiment de malaise comme celui qui nous traverse lorsque qu’au dehors un printemps se réveille sur les rues trop vides. La mer se fait plus sombre à mesure ou notre regard cours le long de la feuille, on remarque enfin un nuage menaçant qui ne tardera pas à venir couvrir l’insolence de ce soleil dont nous sommes privés.
On ne sait si on doit se méfier de cette mer trop calme ou de ces drôles de femmes qui semblent être la parfaite continuité de l’eau dans laquelle elles baignent. L’étrangeté de leur corps, séduisant mais troublant, est de l’ordre des sirènes d’Ulysse ou des nymphes d’Hylas, qui ne manqueront pas de mener ces derniers à leur perte, à notre perte, pour peu que l’on se penche un peu trop près du bord.
Tant pis, je plonge quand même.
Je nage dans la profonde mélancolie de cette scène mais je m’y noie avec plaisir, avec conviction et une « tristesse rigoureuse », comme le suggère la « Gnossiennes n°6 » sur le piano d’Eric Satie, contemporain de Vallotton, qui traduit en musique cette même ambivalence.
—
Juliette Roy est assistante de documentation au MBAA
—
Félix Vallotton, « Les trois Baigneuses »
> téléchargez le fichier au format .doc
BAP | Bon à prendre | 21
C’est un petit tableau que l’on remarque à peine dans le musée. Et pourtant c’est à lui que j’ai pensé aujourd’hui.
J’aurais pu choisir un paysage avec ses grandes étendues et son horizon lointain, mais mon esprit, sans doute poussé par l’habitude, s’est arrêté sur cette Vue de toit éclairé par le soleil, une vue somme toute semblable – comme pour beaucoup d’entre vous – à celle de ma fenêtre.
Théodore Géricault aurait-il lui aussi été confiné ?
On s’imagine ici accoudé à la fenêtre, profitant de cet air frais qui charrie les nuages et agite les branches. Un rayon de soleil vient frapper la façade de la maison voisine, aux fenêtres de laquelle nous retrouverons nos voisins à 20h.
Dans l’arbre, les oiseaux ont retrouvé leur voix et remplissent le silence de leurs pépiements.
Puis le regard s’arrête un instant : l’horizon est bouché par ce grand mur, tristement gris, sur lequel l’œil glisse alors pour se perdre dans le bleu infini du ciel.
—
Morgane Magnin est chargée de médiation culturelle au MBAA
—
Théodore Géricault, « Étude de toit éclairé par le soleil ».
Huile sur toile, vers 1817