Le label « Architecture contemporaine remarquable »
Afin de porter un nouveau regard sur le patrimoine récent, et surtout d’encourager la sensibilisation des publics (propriétaires, occupants, élus, grand public, etc.) à cette architecture et à son environnement urbain, le ministère de la Culture a créé en 1999 le label « patrimoine du XXe siècle ». Ce label a été remplacé lors de la promulgation de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, par le label « Architecture Contemporaine Remarquable » (ACR). Les modalités d’application sont précisées dans le décret du 28 mars 2017 référencé n°2017-433.
Le label est attribué aux immeubles, aux ensembles architecturaux, aux ouvrages d’art et aux aménagements, parmi les réalisations de moins de 100 ans d’âge, dont la conception présente un intérêt architectural ou technique suffisant. Les critères d’éligibilité sont : la singularité de l’œuvre ; le caractère innovant ou expérimental de la conception architecturale, urbaine, paysagère, ou de la réalisation technique ; la notoriété de l’œuvre ; l’exemplarité de l’œuvre dans la participation à une politique publique ; la valeur de manifeste de l’œuvre (appartenance à un mouvement architectural reconnu) ; la notoriété de son auteur.
Le label en Bourgogne-Franche-Comté
La région Bourgogne-Franche-Comté compte à ce jour 83 édifices labellisés ACR sur les 8 départements qui la composent. La Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté a conduit de décembre 2020 à juin 2022 une campagne de recensement des équipements culturels de la région dans le cadre du label ACR. Le musée des beaux-arts et d’archéologie (MBAA) de Besançon a été sélectionné parmi un corpus de 51 édifices. 15 dossiers, dont le MBAA, ont été soumis à l’avis des membres de la Commission Régionale du Patrimoine de l’Architecture pour l’octroi du label. 13 dossiers ont reçu un avis favorable majoritaire. Les membres du groupe de travail ont notamment reconnu la valeur de manifeste de l’œuvre.
Le MBAA, labellisé « Architecture contemporaine remarquable »
Louis Miquel est l’auteur de ce remarquable projet de musée, réhabilité en 2018 par l’architecte Adelfo Scaranello. Après avoir été admis à l’école des beaux-arts d’Alger dès 1927, il bénéficie en 1933 d’une bourse pour poursuivre ses études d’architecture à Paris. Il décide finalement de ne pas entrer à l’École des beaux-arts de la capitale et utilise sa bourse pour acquérir sa première expérience professionnelle, de 1933 à 1935, chez Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Exerçant en Algérie et en France entre 1935 et 1962, il reste fidèle en amitié au cercle des architectes corbuséens. Cette proximité, conservée avec Le Corbusier et ses proches collaborateurs, l’a aidé à obtenir le projet de réaménagement et d’extension du MBAA.
Au cœur de la boucle bisontine, à partir d’une ancienne halle aux grains réalisée par l’architecte Pierre Marnotte de 1834 à 1842, la mission de Louis Miquel a consisté à aménager des espaces d’exposition d’un musée. Ce projet, mené entre 1964 et 1970, est décrit par son auteur comme une « sculpture visitable »1. Le parcours de visite de cette ballade architecturale sur base carrée, permet au visiteur de passer du bâtiment neuf à l’ancien pour revenir dans le neuf par une succession de plans et de paliers depuis lesquels sont ménagées des perspectives offrant des points de vue différents sur la construction brute de décoffrage de Miquel. La succession de promenades architecturales rayonnantes, horizontales par niveau, contraste avec le parcours en spirale et la verticalité entre les étages. La promenade au sein de l’édifice s’effectue par l’intermédiaire des rampes de manière ascensionnelle.
Le MBAA présente un intérêt architectural ou technique suffisant pour justifier du label ACR, notamment au regard du caractère innovant ou expérimental, par le traitement du béton banché. Le critère de valeur de manifeste de l’œuvre a également été retenu. Louis Miquel, inspiré par la production de Le Corbusier, est un fervent représentant du mouvement moderne.
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1 Louis Miquel, « Note pour l’aménagement du Musée des Beaux-Arts et de l’Archéologie de Besançon », Sète, 22 mai 1984.