Jean Gigoux (1806-1894)
Jean Gigoux est né à Besançon le 8 janvier 1806. Il fait ses études à l’Académie de Besançon, puis aux Beaux-Arts de Paris en 1829. Il entreprend un travail lithographique qui l’amène à réaliser des vignettes d’illustrations ou à portraiturer les contemporains qu’il admire. Réfugié en Angleterre pendant la révolution de 1830, il revient ensuite à Paris et montre peu à peu ses toiles au Salon: sa Mort de Léonard de Vinci (conservée à Besançon), exposée en 1835, reçoit la première médaille de peinture d’histoire; elle est acclamée par les romantiques qui saluent la force du sujet comme la qualité de l’inspiration historique. Il acquiert une grande notoriété : travaux d’illustration (dont six cent vignettes pour Gil Blas), multiplication des commandes officielles et portraits lui confortent une certaine aisance.
L’annonce tant attendue de la création d’un musée à Besançon va enthousiasmer Gigoux qui n’a de cesse, à partir de 1843, de compléter sa collection pour constituer un ensemble qu’il souhaite confier à sa ville natale, avec la volonté implacable d’un généreux mécène. Il fréquente les ventes parisiennes, achète dessins et tableaux. Bientôt sa demeure attire les artistes et les intellectuels curieux de voir cette accumulation d’œuvres d’art qui tapissent les murs. Cette activité ne l’empêche pas de poursuivre son œuvre. Il expose au Salon jusqu’à l’année de sa mort survenue le 19 décembre 1894.
La collection Gigoux est parvenue au musée en plusieurs étapes : si l’essentiel est versé après le legs de 1894 (définitivement accepté en 1896), dix donations successives l’ont précédé de 1860 à 1887; peu à peu un « musée Gigoux » est installé au palais Granvelle et le correspondant du peintre-collectionneur, l’artiste Antonin Fanart (1831-1903), organise son accrochage.
La collection totalise près de trois mille dessins et quatre cent soixante tableaux. Ce qui frappe dans cet impressionnant rassemblement, au-delà de la qualité de la majorité des pièces, c’est l’originalité qui a présidé à sa sélection. Amateur de peinture anglaise et espagnole, ou encore des primitifs nordiques, et particulièrement allemands, Gigoux a su développer ces tendances plutôt singulières pour l’époque dans un ensemble assez éclectique.