A l’occasion de l’ouverture le 6 avril de la Cité des Arts, le Conservatoire à Rayonnement Régional et le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie se rencontrent sur le thème du Japon, en l’honneur de son architecte Kengo KUMA.
Dans le cadre de ce partenariat, le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie présente du 5 avril au 7 mai une sélection d’oeuvres japonaises issues de ses collections et rarement exposées. Il s’agit d’une exceptionnelle série de portraits de chefs ainu peints par Hakyô KAKIZAKI en 1790. Ces délicates peintures sur soie sont reproduites en grand format sous forme de kakémonos au Conservatoire et les oeuvres originales sont exposées au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie pendant seulement un mois pour des raisons de conservation.
Les Ainu forment une population autochtone qui occupe le nord de l’archipel du Japon, principalement l’île de Hokkaido, depuis le Néolithique. Leur culture et leur physionomie diffèrent de celles des Japonais par de nombreux aspects, leurs costumes, leurs rites religieux, leurs modes de vie… Au XVIIIème siècle, le fief de Matsumae bénéficiait du monopole du commerce avec les Ainu. La curiosité des Japonais à l’égard de ce peuple inspira les peintres.
La peinture japonaise comprend d’ailleurs une catégorie d’oeuvres appelées « peintures d’Ainu » réalisées entre la première moitié du XVIIIème siècle et le début du XXème siècle. Il s’agit d’oeuvres de peintres ayant soit vécu ou séjourné dans les villes de Hakodate et Matsumae comme Hakyô KAKIZAKI, soit participé à des missions d’exploration du gouvernement shôgunal ou des missions privées. Ils représentèrent les Ainu dans des scènes de vie typiques comme le sacrifice de l’ourson ou dans des portraits sous l’apparence de majestueux barbus en costume d’apparat.
Après la révolte du peuple Ainu de 1789, MISHIHIRO seigneur de Matsumae a commandé à Hakyô KAKIZAKI les portraits en pied des douze chefs ainu ayant participé à la répression de l’insurrection. Son objectif est surtout politique : retrouver sa crédibilité auprès du Shôgun. Cette série de douze peintures, connue au japon grâce à plusieurs copies, demeure au château de Matsumae au moins jusqu’en 1843 puis, pour des raisons encore obscures, se retrouve au musée de Besançon. Redécouvertes à l’occasion de l’exposition « Art de l’ancien Japon » en 1984, les travaux de différents spécialistes japonais ont montré qu’il s’agit bien des peintures originales de Hakyô KAKIZAKI, accompagnées de deux planches calligraphiées expliquant l’origine de leur commande.